Prise en charge neuro-nutritionnelle et psychothérapeutique du stress décompensé

Désormais, dans le cas d’un trouble psychique, le travail psychothérapeutique demeure strictement nécessaire. Induire un changement nécessite un travail psychologique au niveau des schémas ou des croyances dysfonctionnelles ou encore, des pensées obsessionnelles ou phobiques. Cependant, l‘intervention de type psychothérapeutique peut s’avérer plus efficace et les résultats plus stables si la base biologique, en occurrence, le fonctionnement cérébral, est optimal et stable.

Pour exemplifier, nous nous referons au stress, trouble spécifique, fréquent dans la société actuelle et nous présentons, d’un point de vue général, notre stratégie interdisciplinaire de prise en charge en neuro-psycho-nutrition, dans le cadre de l’espace In Equilibra.

On peut définir le stress comme un syndrome d’adaptation de l’organisme à un ensemble de modifications extérieures (et intérieures) (H Selye) ou, comme la perception d’une menace (Lazarus) ou encore, comme un mode réactionnel devant un événement perçu comme menaçant (Friedman, Fradin).

  • La médiation de la réaction psychique de stress est réalisée par l’axe hypothalamus - hypophyse - surrénale mais, également, par l’implication de l’amygdale, le siège de notre mémoire émotionnelle, dans l’ajustement de la réponse au stress.
  • La réponse au stress, dans un premier temps, est une réaction adrénergique impliquant le système cardio-vasculaire, digestif et métabolique. Les personnes qui ont une forte réaction adrénergique (réaction manifestée en plan comportemental par un comportement explosif, agressif, forte excitation, énervement) développent, à logue terme,  des troubles cardio-vasculaires (on parle du type A).
  • Dans un deuxième temps, si le stress perdure, c’est la sécrétion de corticoïdes qui va prédominer, entraînant une baisse du fonctionnement du système immunitaire avec des implications importantes en plan somatique.
  • Les personnes répondent au stress plutôt par une inhibition de la réponse, à moyen terme développent des troubles liés au système immunitaire, par ex., troubles digestifs, allergies, troubles respiratoires, troubles somatoformes, cancer, etc.- (on parle  du type B).
  • Dans le premier stade du stress (phase d’alerte - Selye) on constate une production importante périphérique de catécholamines, en occurrence d’adrénaline, un fort tonus sympathique et une importante hyperexcitabilité neurovégétative.
  • Dans ce stade, le stress peut être abordé par une « nutrition santé » afin de permettre, dans un premier temps, une équilibration neuroendocrine. Conformément à ce concept nutritionnel, la personne est orientée vers une alimentation de type crétois mais à travers une approche chrono – nutritionnelle, signifiant que certains aliments doivent être repartis sur la journée d’après des critères de « chronobiologie » : petit déjeuner et diner (lunch) protéines, goûter et souper (diner) plutôt axés sur les glucides et légumes.
  • La/le psychologue formé(e) en neuronutrition a les compétences d’établir pour son patient/client une stratégie nutritionnelle personnelle axée sur de critères résultant de dernières études concernant les principes d’une alimentation santé. Cependant, la stratégie nutritionnelle est une méthode de plus dans le contexte du travail psychologique, donc sera associée à d’autres méthodes spécifiques pour la gestion du stress, par ex. l’application et  l’apprentissage des méthodes de relaxation, le travail concernant une meilleure gestion des émotions, une meilleure  structuration et organisation de l’activité, etc.…
  • La démarche de changement dans la façon de se nourrir afin d’aider l’organisme à faire face à la charge induite par le stress, devient, dans ce contexte un des objectifs du travail psychologique.
  • Dans la situation ou la réaction adrénergique se pérennise, donc, dans un deuxième stade du stress (phase d’alerte), il va se produire une fuite de magnésium (Mg), une élévation de la noradrénaline, une augmentation des rythmes cardiovasculaires et respiratoires. A ce stade, le niveau d’anxiété augmente. Un apport de Mg et Calcium sera nécessaire (plusieurs études ont montré les propriétés anti-anxyolitiques du Mg).
  • Il en résulte, la portée d’une juste évaluation de la phase du syndrome de stress dans laquelle la personne se trouve au moment de la consultation. C’est le rôle  importent et conséquent de l’anamnèse et l’évaluation psychologique. Le psychologue se base sur son expérience clinique mais il peut faire appel aussi à des outils de mesure comme DASS 21 (test évaluant le stade du stress) ou Test d’hypersensibilité  et déficit en Mg., ou encore, en fonction de la phase du stress et sa symptomatologie, des échelles d’évaluation de l’anxiété ou de la dépression.
  • Dans la phase suivante, la phase de résistance (Selye) on observe principalement, une augmentation du cortisol mais également du ACTH parallèlement à une baisse de lymphocytes T , IgAs et NK, etc., impliquant le système immunitaire. En même temps, des importantes modifications se produisent au niveau des neurotransmetteurs. Dans un premier temps, on constate une hypodopaminergie. En plan psychologique, la personne se sent fatiguée mais tendue, présente des troubles d’attention, de mémoire, manque de motivation. Dans un deuxième temps, il y a une élévation transitoire de la sérotonine, la personne « résiste » encore mais son efficacité générale est sévèrement diminuée.
  • La prise en charge d’une personne se trouvant dans la phase de résistance  du stress demande une approche micronutritionnelle. Dans le but de stimuler l’axe dopaminergique, une supplémentation en éléments fonctionnels devient nécessaire, contenant des acides aminés - précurseurs des catécholamines et des cofacteurs impliqués dans leur synthèse (par ex. Fe, vitamines B9, B12,)
  • En cas de troubles de sommeil importants, l’axe sérotoninergique doit être, également, soutenu.
  • Dans la phase de burn-out, considérée comme une état d’épuisement global de l’organisme (Selye), il se produit, dans un premier temps, une hyper-cortisolémie avec des possible lésions neuronales (épuisement de la DHEA) et une perturbation importante des indolamines, notamment, une chute sévère de la sérotonine et de la mélatonine. Des symptômes dépressifs s’installent.
  • Dans un deuxième temps, un effondrement général a lieu,  y compris du  cortisol mais également, de tous les neurotransmetteurs ainsi que une perte majeure de Fe, Mg, Ca K, lithium et divers vitamines, surtout B6.
  • La prise en charge micronutritionelle d’une personne en burn-out consiste dans  un rééquilibrage (personnalisé) au niveau des hormones (glucocorticoïdes, DHEA), des cofacteurs, des vitamines et bien sur, des principaux neurotransmetteurs. La personne va bénéficier d’un apport en éléments fonctionnels nécessaires en relation avec  ses déficits, sur la forme des compléments alimentaires : des acides aminés et d’autres microéléments (particulièrement, par ex. L tryptophane, lithium, Fe, B9) sans oublier certains acides gras polyinsaturés (oméga 3).
  • Dans notre concept de prise en charge d’une/un patient(e) en burnout, la dimension nutritionnelle (et/ou micronutritionnelle) est associée à la dimension psychothérapeutique visant la résolution des conflits intérieurs, la compréhension de son fonctionnement et ses motivations, l’apprentissage de la gestion de ses émotions et, au final, l’élaboration d’une stratégie de gestion future afin de prévenir la rechute.

Ce type de prise en charge du burnout (la phase aggravée du stress) mais, également, de certains troubles anxieux, dépressifs ou troubles du comportement alimentaire (boulimie, hyperphagie, etc.), est basé sur un travail commun, à la fois  médical et psychothérapeutique.

Le diagnostic axé sur l’anamnèse clinique psychologique reste primordial dans les cas de trubles psychiques mais il est éclairé par des analyses biologiques particulières (bio check-up) afin d’affiner les particularités de l’état de la personne, le stade du développement du trouble et, ensuite de pouvoir mettre en place une stratégie thérapeutique  personnalisée.

Cela permet une approche thérapeutique intégrative et individualisée qui tient compte à la fois, du somatique (surtout  du cerveau) et  du psychisme.

Dans ce type d’approche, le médecin et le psychologue travaillent ensemble. C’est une approche axée sur une véritable collaboration entre le médecin et le psychothérapeute, au bénéfice du patient, nécessitant une formation spécifique en neuro-psycho-nutrition pour les deux intervenants ainsi qu’un esprit ouvert, novateur.